Lauréat 2025

Jacques BELLUS

Adjoint Scientifique à la Direction Technique AUBERT ET DUVAL
Expert Exécutif AUBERT ET DUVAL
Ingénieur Civil des Mines de Saint-Étienne

Au cours de mes études d’ingénieur à l’École des Mines, le choix était vaste parmi les nombreuses options proposées dès la deuxième année. Les plus demandées concernaient alors le secteur du management, de la finance et de l’informatique. Les matériaux et en particulier les matériaux métalliques restaient à cette époque un peu les parents pauvres, mais ce fut pour moi un choix évident tant cette discipline m’avait intrigué et fasciné lors de travaux pratiques dans les sous-sols de l’École des Mines. C’est sous la coupe du professeur Claude Goux au sein du département Génie des Matériaux que je fis réellement mes tous premiers pas en métallurgie.

Après l’année de service national, j’ai intégré l’IRSID centre d’Unieux (Groupe USINOR, Loire) en 1991, dont le Directeur Régis Blondeau et le Directeur Scientifique Robert Lévêque étaient déjà des sommités bien connues dans le domaine de la métallurgie. Je fis mon apprentissage de la vie industrielle au sein du laboratoire Physique dirigé par André Badard avec le précieux soutien de mon collègue de bureau et mentor Guy Vallier, spécialiste reconnu en corrosion. Mon activité de responsable de secteur concernait le domaine des transformations de phases des aciers spéciaux et la simulation numérique. J’ai rejoint ASCOMETAL en 1994, dans le centre de recherche commun UNIMETAL/ASCOMETAL(groupe USINOR) situé à Gandrange (Moselle) avec un poste de développement des pièces automobiles pour les tous nouveaux moteurs à injection direct. Ce fut trois belles années en Moselle, qui m’ont amené à travailler en projet avec les principaux constructeurs automobiles : Peugeot-Citroën, Renault, Mercédès, BMW, Opel, Fiat mais aussi avec le monde académique :  Elisabeth Aeby-Gautier et Sabine Denis de l’Ecole des Mines de Nancy. Ce fut une époque de développement extraordinaire avec la mise au point et l’industrialisation des aciers micro-alliés à traitement direct dans la chaude de forge, ce qui était une petite révolution dans le domaine de la métallurgie des aciers spéciaux. Nous avons pu ainsi lancer la gamme des aciers METASCO. Cela m’a par ailleurs amené à être mandaté par nos clients pour la mise au point et la qualification des systèmes de refroidissement post-forgeage dans les forges sous-traitantes, des Ardennes jusque dans la Loire ! C’est tout naturellement que j’ai ensuite rejoint en 1997 le service métallurgique de l’usine ASCOMETAL FOS dirigé par Pierre Jolly, avec entre autres l’immense responsabilité du développement des aciers pour roulement et des aciers microalliés. Cette véritable épopée métallurgique a fait l’objet de dépôts d’une quinzaine de brevets sur les nuances et les procédés de forgeage ou de laminage.

En 2000, je suis revenu sur les terres stéphanoises en intégrant le service métallurgique du site de Firminy Aubert et Duval, sous la direction de Gérald Gay, éminent spécialiste des élaborations en aciers inoxydables et père de la fameuse méthode G de réduction au VOD qui a accompagné la fabrication des pièces pour l’ensemble du programme nucléaire français. Je fus ainsi initié aux arcanes de l’élaboration des aciers spéciaux, aidé en cela par les solides connaissances pratiques du responsable méthode aciérie, Gérard Limousin, auquel je tiens à rendre hommage. Ce fut pour moi un véritable choc des cultures avec le passage d’une sidérurgie d’aciers spéciaux de masse consistant à fournir des ½ produits dans le domaine de la mécanique, à une industrie visant à fournir des pièces avec des exigences extrêmement pointues pour des applications dans des domaine aussi variés que la Défense, le nucléaire, l’énergie, le pétrole. L’horizon métallurgique s’est soudainement élargi passant des aciers peu alliés aux aciers alliés, aciers inoxydables, duplex et superduplex, aciers maraging, C’est grâce à un immense travail d’équipe que nous avons pu développer des aciers ultra-propres répondant aux exigences les plus sévères pour la fabrication de tubes d’artillerie sans passer par la voie refusion. Il faut souligner que ce défi technique et métallurgique n’a pu être relevé à ce jour que par deux aciéries en Europe.

En 2002, une nouvelle orientation de carrière au sein de la direction industrielle Aubert et Duval m’a été proposée avec la responsabilité de l’aciérie et la forge de l’usine de Firminy, puis de l’aciérie des Ancizes (Puy de dôme). J’ai ensuite rejoint en 2012 la direction technique Aubert et Duval dirigée par Philippe Héritier en intégrant le département recherche et développement sous la responsabilité de Denis Béchet, avec comme mission de développer de nouvelles nuances d’acier dans le domaine de l’aéronautique et de la défense. Cette période fut celle de la créativité, de l’innovation et du travail collaboratif, en particulier avec nos collègues suédois d’ERASTEEL, concrétisée par des développements de nouvelles nuances brevetées et commercialisées dans le domaine de la défense et de la transmission aéronautique.

Tout dernièrement en mars 2025, j’ai eu l’honneur et privilège de devenir adjoint scientifique, sous la responsabilité de Ludovic Molliex Directeur Technique d’Aubert et Duval. Ce nouveau défi me permet aujourd’hui de porter un regard transversal sur l’ensemble des activités techniques de l’entreprise.

Ces 35 ans de carrière, principalement dans le domaine technique n’a pu être possible que grâce aux personnes qui m’ont fait confiance en proposant des missions et des défis techniques extrêmement motivants, ainsi qu’aux équipes et collègues avec lesquels j’ai pu collaborer et en particulier la communauté des experts de cette belle entreprise métallurgique française qu’est Aubert et Duval.  

C’est aussi grâce aux échanges techniques entre Aubert et Duval et ses clients dans le domaine de l’aéronautique, de la défense et du nucléaire que nous avons collectivement grandi techniquement.

C’est aussi grâce à nos nombreux partenariats académiques que nous pouvons progresser dans la connaissance de la métallurgie de nos produits et ainsi repousser encore plus loin leurs limites techniques.

C’est aussi grâce à la passion de la métallurgie qui m’a animé tout au long de ma carrière (et dans mes études !) qui m’amène à penser que nous pouvons toujours progresser et innover.  

C’est aussi cette passion qui m’a amené à rejoindre il y a déjà plus de 30 ans le Cercle d’Etude des Métaux à Saint-Etienne, association visant à promouvoir la métallurgie. Mes remerciements s’adressent en particulier au président Christophe Desrayaud, au président d’honneur Robert Levêque, aux vice-présidents Abdelaziz Addad et Jean Dhers, à Régis Blondeau, Michel Darrieulat, Jean-loup Heuzé, Krysztof Wolski ainsi qu’à tous les membres actuels et anciens du Cercle qui tous, montrent enthousiasme et passion pour ce beau métier de la métallurgie.

Je remercie vivement la SF2M, sa présidente Anna Fraczkiewicz, pour la reconnaissance et pour cette récompense.

Pour conclure, je rends hommage à ma famille qui a été un soutien constant et en particulier à mon épouse Nadine et nos quatre enfants Floriane, Laurène, Jean-François et Iléna.